Croisée des Flumes.
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 Le Rubis.

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Fazz
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Fazz


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MessageSujet: Le Rubis.   Le Rubis. Icon_minitimeLun 25 Aoû - 19:19

Il était là.

Majestueux. Rayonnant. Magique.

Il gouverne sur son trône de cendres, un petit tas de poussières oubliées.

Un Rubis.

Bleu comme l’azur, profond comme l’Univers. Il est irréel.
Roi prestigieux d’un royaume de crasse, il survit.

C’est à présent le dernier de son espèce.

Doit-il réveiller l’histoire qui sommeille en lui ?

Oui. Il le doit.

Il le doit absolument.

Le Rubis Bleu s’illumine. Il scintille d’une lueur qu’il croyait éternelle.
Mais elle vacille, se casse.

Elle disparaît, devient une étincelle.
Le joyau tout entier devient immatériel.

Le Roi extirpe l’étincelle de son corps. Il est pris d’une fièvre nouvelle.
Il ne lui reste plus beaucoup de temps.

La flammèche virevolte dans les airs.
Elle s’alourdit, se déforme, devient une pâte blanche.

Du papier. Des feuillets.

Une histoire.

Son histoire.

Et elle commençait par des mots rayonnants, emprunts d’un halo de magie…
« Il était une fois. »

Il était une fois une contrée noire comme l’ébène. L’endroit pouvait sembler vide aux premiers abords, mais elle grouillait en vérité d’ombres frêles et craintives.

Le goudron recouvrait les sols.
Les gens étaient noircis par le charbon.
La fumée noire s’échappait par des cheminées sombres qui tapissaient de suie les murs des logis.

C’était un fait malheureux, mais le lieu était entouré des vallées et d’arbres si hauts que les villageois ne voyaient que rarement le soleil.

Les yeux avaient été habitués à l’obscurité.

Le concept même de lumière avait été oublié.

Voilà pourquoi la panique envahit le peuple de l’ombre quand une puissance lumineuse fendit leur lugubre quotidien. Elle émanait d’une petite cabane où une silhouette excitée se découpait dans un rai de clarté.

Les villageois restèrent perplexes. Comment, en ne disposant que de l’obscurité avait il crée la lumière ?

C’était simple.

Dans les ténèbres du village, l’homme avait su rêver.

Il était parti le matin même acheter une plume, du papier et de l’encre. Dans les abysses de son bureau, il avait oublié ce qui l’entourait.

Il voyait une histoire heureuse. Et bien que le milieu fût teinté de noir, le début et la fin étaient… heureux.

Il laissa éclater ce sentiment sur le papier. L’encre se propageait, la plume s’agitait frénétiquement, comme pour montrer son profond bonheur.

La réalité toute entière paraissait se détendre.

Il mit un point final à son œuvre.

Le papier craquelait, vibrait. Il ne pouvait plus contenir la joie de son histoire.

Soudain, ce fut l’explosion, l’éblouissement.

L’homme ouvrait les yeux progressivement, difficilement, comme en un effort herculéen. C’était sûrement le cas.

Mais quand les formes se firent nettes, il fut profondément déçu : cela ne pouvait être qu’un rêve.

La Beauté était une chose qui lui était inconnue.

Il n’avait jamais vu la rosée perler sur un bouton de rose.
Il n’avait jamais vu la neige ou le gazon.
Il n’avait jamais vu le ciel zinzolin tacheté de nuages quand le soleil se couche.
Il n’avait jamais vu les yeux d’une femme, ni son sourire.
Non, il n’avait jamais rien vu d’autre que les ténèbres de son petit monde.

Alors comment aurait-il pu créer une chose plus pure et envoûtante encore que tout cela ?

Il s’avança donc, sans crainte, pour toucher le Rubis qui se tenait à la place du papier.

Il sursauta.
Le contact avait été bien réel.
Ce n’était pas un rêve.

De sa différence était bien née une merveille.

Les villageois, fascinés, décidèrent de transmettre ce trésor de génération en génération.
Le Créateur avait été célébré comme le devait un héros.
Le héros qui avait ramené la lumière au plus profond de leur gouffre.

Cependant, l’euphorie fut de courte durée.

Au petit matin, il ne restait de ce héros qu’une simple carcasse vide.

Il avait donné son âme pour créer le Rubis.
Tout son Univers avait été mis en forme.
Son rêve avait pris vie.

Sur sa table, on retrouva un bout de papier sur lequel était griffonné trois malheureux mots :

« Conte de fées. »

Afin de lui rendre hommage, on organisa une grande soirée où le Rubis trônait sur un piédestal au centre de la place.

Mais au fur et à mesure que le temps se déroulait, les habitants fixaient de plus en plus intensément l’objet lumineux.

Jusqu’à ce que leur esprit soit profondément connecté.

Le paysage fut alors figé.
Les gens ne cillèrent plus.
Ils ne tremblaient même pas.
La nature même était tendue.
Il semblait même que la Terre s’était arrêtée de tourner.

Soudain, une vibration douce parcourut la foule.

C’était la façon qu’avait le Rubis de s’exprimer. Ca ne se voyait peut être pas, mais c’était présent dans l’esprit.

Comme gravé depuis toujours.

C’est ainsi qu’il raconta pour la première fois l’histoire qu’il contenait.

Il est vrai que l’histoire ne racontait que de faux faits.

Mais au moins, ce n’était pas la réalité.

Ce n’était pas noir comme leurs vies.

C’était bien l’histoire d’une vie heureuse malgré ses perturbations et cela les unissait dans un nouveau sentiment…

L’Espoir.

Cette nuit-là, le sommeil des habitants fut parsemé de songes.
Et au matin, chacun fut pris du même besoin qui frappa le Créateur : écrire.

Ils rédigèrent alors frénétiquement leurs rêves.

Certains ne trouvaient pas leurs mots, bien sûr, mais peu importaient les mots.

Ils n’avaient pas la prétention d’écrire quelque chose de bien.

Ils voulaient juste pouvoir revivre leur histoire.

Et ce qui devait arriver arriva.

Les Contes de Fées se multiplièrent. Chacun avait à présent son Rubis chez lui.

Cependant, les villageois ne subirent pas le même sort que leur congénère.

Certes, ils avaient donné un peu d’eux-mêmes, mais c’était bien l’âme du Créateur qui les avait parcourus.

Inconsciemment, ils se servaient de ce qui était à présent une partie d’eux mêmes : l’histoire du Rubis originel. Ils ne mettaient alors qu’une infime partie de leur âme dans leur Rubis.

Un soir, un des enfants du village tenta de s’approprier un de ces fabuleuses oeuvres. C’est alors seulement qu’on pensa à raconter les histoires aux enfants, pour les calmer.

Tout d’abord mensuel, le geste devint vite hebdomadaire, puis quotidien.

Et chaque jour qui s’écoulait, les Rubis s’effritaient sur les enfants.

Ils s’effritaient peu à peu le temps que l’enfant atteigne la maturité.

On pensait alors que le Conte de Fées était gâché, car il avait été raconté tant et tant de fois qu’il n’avait plus aucune valeur.

La réalité était toute autre.

La Poussière de Rubis s’était incrustée dans l’esprit de la nouvelle génération, sans qu’ils ne s’en rendent compte.

Ces Histoires faisaient désormais partie d’eux.

Le geste se transmit au fil du temps

Cependant, les villageois élevés sur les amours de Conte de Fées avaient développé une passion flamboyante pour l’être aimé.

Les enfants se multipliaient.

Evidemment, les parents voulurent donner des Rubis différents à chacun d’entre eux.

Mais il n’y en avait plus assez.

Trop occupés par leurs bambins, leur travail et leur amour passionné, ils avaient négligé l’écriture des Contes de Fées.

Plus personne n’avait le temps.

Avidement, les gens se jetèrent sur les Rubis restants.

Un homme proposa alors de recopier la même Histoire nuit et jour.

L’industrie du Rubis commença donc et chaque famille put à nouveau fournir à leurs enfants les Contes des Fées qu’ils demandaient.

Mais tous possédaient un défaut.

Ils n’avaient pas d’âme.

Les parents continuèrent à penser que le geste continuait à faire effet, mais la Poussière s’était déjà envolée à la majorité des enfants.

Le geste devint une obligation, puis une corvée.

Les enfants enregistraient de moins en moins les Contes.

Les Rubis explosaient, car il n’y avait pas assez d’âme et de joie pour les alimenter.

Un beau jour, un des parents se plaignit à l’entreprise des Rubis.

Puis deux.
Puis tous.

Ne possédant plus la vraie joie des Contes d’antan en eux, il était inévitable qu’ils finissent par ne plus comprendre en quoi ces histoires fictives pouvaient rendre heureux leurs enfants.

L’entreprise ferma.

Les Rubis finirent leurs vies peu à peu, dans un vieux cagibi abandonné.
Exclus d’un avenir sans joie.
La génération qui suivit fut alors encore plus atroce.

Prenant un malin plaisir à provoquer le malheur des autres, commettre des crimes et se conduire grossièrement, le peuple devint totalement immoral.

Puis, il y eut une guerre.

Personne ne savait par quoi elle avait débuté. Probablement, comme toutes les guerres, sans aucune autre raison que le plaisir de prouver sa supériorité.

Néanmoins, personne n’en eut l’occasion.

La Guerre Civile fit des dégâts irréparables sur les biens du village.

Dans un épouvantable chaos, tout prit fin.
Il ne restait qu’une épouvantable rivière de sang.

Seule une faible lueur persistait.

Le Roi des Rubis attendait patiemment sa fin, sur son tas de cendres.

Il a remplacé l’histoire qui l’avait mis au monde par celle qui l’a conduit à sa mort.

Cette histoire-là ne finit pas par « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. »

Elle ne finit tout simplement pas par une fin heureuse.

Le Rubis ne survit que grâce à l’âme puissante de celui qui l’a créé.

Une vraie Âme.
Celle de celui qui ne voulait que rajouter un peu de joie à ce monde.

Celle d’une personne qui sait rêver.

Le Roi n’est à présent qu’un petit tas de papier qui se consume.

Il se consume sur ses enfants Rubis.

Le Feu détruit le papier lentement.
Lui-même sait que c’est un moment solennel.

La fumée d’un beau songe s’envole alors dans les airs.

Le Ciel l’attend patiemment.

La dernière parcelle de papier est consumée.

Un saule pleureur semble faire le deuil du Roi et se courbe lamentablement.

Et, durant ce court instant, le soleil peut éclairer le monde de sa lumière pâle.


Dernière édition par Fazz le Mer 10 Sep - 19:41, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le Rubis.   Le Rubis. Icon_minitimeMar 9 Sep - 20:09

Good Job Very Happy Very Happy Very Happy
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